Le rôle des amuseurs dans la politique.
Tout Philippe Risoli ou Julien Lepers que vous soyez, vous le savez, le succès d'une émission ou d'un repas de famille dont vous êtes le héros ne dépend que d'un peuple de gens à part : les chauffeurs de salle. Anonymes, ils ont pour mission de surexciter un public de télévision, pendant que les participants se maquillent ou règlent leur micro. Les chauffeurs de salle doivent être à la fois drôle, charismatique et autoritaire afin de mener à la baguette les applaudissements et les rires de l'estrade. Ce sont les amuseurs de l'ombre sans qui une émission ne pourrait se produire sans ce fameux public "en délire", condition sine qua non pour que la dite émission convainc le lointain téléspectateur qu'elle est divertissante et les invités hilarants. Le dénommé Arthur est un orfèvre en la matière, puisque son humour de chauffeur de salle ("Est-ce que vous êtes là?) a fait de lui le millionnaire que l'on connaît. La politique qui aime les success-stories n'a pas hésité à franchir le rubix cube et promouvoir les amuseurs ou amuseuses de salle des fêtes au rang de soldats dans la campagne électorale. Ils apportent soit leur talent soit leur caution intellectuelle. L'UDF a Patrick Sébastien, l'UMP a Pascal Sevran ou Gérald Dahan, un ressucité qui fait des canulars téléphoniques qui deviennent des informations de toute première importance, le FN s'est payé les services du tandem Soral/Dieudonné et l'extrême-gauche, lui, peut compter sur Gérard Miller, Michel Onfray et Christophe Alévêque, qui viennent donner leur avis du haut de leur science co(s)mique. Chaque camp a son comique en écurie. On pourrait simplement croire que Dieudonné vient avant chaque meeting pour soulager de la solennité du moment ou Florence Forresti tenter de faire une imitation de Ségolène Royal devant un public conquis d'avance. Fichtre, non, c'est à la télévision qu'ils sont invités pour "donner leur sentiment".
Seul un parti a voulu rester dans la tradition de l'amuseur/chauffeur de salle, c'est le Parti Socialiste. Le jeune François Hollande, avant un discours de la chef, a mis au point un sketch bien rôdé. Mais regardez plutôt.
Le public est intenable.
Eric Zemmour, Socialisme contre féminisme : pourquoi Hollande et Royal ne se comprennent plus, le Figaro, 26 janvier 2006Citation: François Hollande est l'incarnation caricaturale de cette tradition socialiste, jusqu'à son physique rondouillard qui aurait abusé des banquets républicains, son habileté de manoeuvrier et son humour pour happy few.
Hollande était fait pour devenir président du Conseil, mais la IVe République n'existe plus ; il aurait été un premier ministre anglais inoubliable, mais il n'est pas un citoyen de Sa Gracieuse Majesté. Dans toutes les démocraties parlementaires qui nous entourent, c'est François Hollande qui aurait conduit les socialistes à la bataille. C'est ce dont il est apparemment inconsolable.
